La terre a tremblé. Et elle tremble encore.
Le monde politique a changé depuis qu’un jeune homme s’est immolé en Tunisie.
Du Maghreb au Machrek, les expériences sociales qui ont lieu et qui se poursuivent, dans leur fragile précarité, ont détrompé et changé des regards depuis longtemps façonnés sur cette partie du monde. Longtemps, on a cru y discerner l’immobilisme politique et la confiscation du pouvoir par des oligarchies politiques, monarchiques ou militaires, qui excluaient le principe et la pratique démocratiques.

Les révolutions débutées en 2010 signent l’échec du discours du choc des civilisations et l’éternelle reprise de l’idée hégélienne d’une fin de l’histoire qui s’incarnerait dans la démocratie libérale. Il apparaît au contraire que la crise globale des sociétés occidentales et du marché mondial a puissamment stimulé l’invention démocratique au Sud.
Au sein de cette crise globale, la délibération démocratique se cherche de nouvelles formes vivantes, aux Amériques, dans les contestations multiples en Chine et même en Europe. Depuis la Constituante islandaise jusqu’aux mouvements conseillistes des Indignados qui agitent les villes espagnoles, en passant par la contestation grecque d'une austérité économique imposée, sans oublier le référendum d’initiative populaire italien qui dicte sa loi au gouvernement. Place Tahrir is Here.

Depuis sa création en 2001, la revue Variations cherche à problématiser la question démocratique, notamment à travers l’introduction du concept d’espace public oppositionnel. Raison pour laquelle Oskar Negt et Alexander Kluge, Nancy Fraser ou encore John Holloway y ont publié des contributions clés, afin de bouleverser l’approche théorique de la démocratie, du pouvoir et de l’État.

Aujourd’hui, Variations lance un appel à contribution en direction des acteurs et auteurs des changements en cours, afin de participer au dialogue entre l’expérience vivante et les concepts critiques qui peuvent nommer les potentialités du mouvement présent. Il s’agit d’ouvrir un espace aux chercheuses et chercheurs susceptibles de porter un regard critique et dialectique sur les différentes dimensions de l’espace public oppositionnel qui sont en jeu. Dans le même temps, nous nous adressons à celles et ceux qui sont acteurs des mouvements en cours et leur proposons d’exprimer leur expérience et leur connaissance, afin de participer à une conceptualisation neuve et vivante.

Les propositions de contributions sont enregistrées jusqu’au 9 novembre 2011 et à transmettre à l’adresse: theoriecritique@free.fr

Le comité de lecture donnera en décembre 2011 son avis sur les articles reçus, pour une publication dans le numéro d’hiver de Variations :
Place Tahrir is Here - Retours sur l’espace public oppositionnel

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